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errare, atque viam palantis quaerere vitae
8 juin 2011

The best is yet to come (again)

Dans le fond, je me poserais bien sur mon lit avec une tisane et un livre, mais quelque chose m'en empêche. J'aurai passé la journée à errer sans rien faire. En quittant ce midi la bibliothèque où je rendais mes derniers livres je regardais les lieux avec un étonnement las, incapable de réaliser que c'était réellement la dernière fois que j'y mettais les pieds. Tout se termine d'une façon si abrupte. Après-demain je pars pour Paris, et quand je reviendrai terminer mon déménagement, l'université sera fermée. A la fin du dernier examen, le prof a pris ma copie en hâte et sans m'accorder un regard (j'ai une pensée émue pour ce bac blanc en terminale où mon prof de philo, à la fin de l'épreuve, m'avait demandé si ça s'était bien passé, ou encore pour cette version grecque en deuxième année où, quand je lui rendais ma copie, monsieur P. m'avait demandé si j'avais compris les "cinq paires de jumeaux" – sacré Platon). Là, non, pas un mot, pas un regard, rien d'humain, table suivante, copie suivante, puis l'autorisation de se lever de table, rang par rang, et nous sortons, sagement, à la file, pour prendre la direction du parking et du car qui doit nous reconduire à l'université. Et voilà : c'est fini.

A quoi va ressembler l'année prochaine ? Que restera-t-il de cette parenthèse ? Tout se brouille dans ma tête ; R. m'invite en Suède et les souvenirs de l'an dernier remontent soudain, me sautent à la figure ; j'ai envie d'être près d'elle et d'y retrouver cette sérénité perdue, quand je m'abandonnais à son amitié ; mais il me semble que le temps, tout ce temps qui a passé depuis un an où chacune a vécu sa propre vie sans l'autre, ne peut nous avoir laissées indemnes ; il nous a transformées et notre amitié en a pâli ; le bonheur que je trouvais auprès d'elle m'a été définitivement ravi, réduit a l'état de ces souvenirs qu'on ne revit pas. Je suis perdue ; le passé, même proche d'un an, est perdu ; le présent est en train de s'éteindre ; de l'avenir je vois un apartement, mais sans savoir ce que j'y ferai, quelles y seront mes nouvelles habitudes, le temps que j'y passerai ; je vois quelques visages, mais sans savoir à quoi ressembleront nos relations, avec quelle régularité je les verrai, quelles seront la nature et la profondeur de nos liens. Le reste est vide, les professeurs, le master, le mémoire, les lieux, les autres visages, la forme du quotidien. Je me demande même quelle place occuperont mes livres dans ce tableau invisible. Seront-ils, comme cette année, mes alliés, ou comme les précédentes, cet écrasant devoir ? A quoi ressembleront mes sérénités, mes angoisses, ma solitude ? Je ne sais, et je me dissous dans le transitoire, où les repères n'existent pas.

(Je n'arrive pas à écrire ce qu'il faut, ni à trouver ce qu'il faudrait dire ni à dire les choses comme il faudrait. Je n'en peux plus.)

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